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Theresia, ça fait du bien quand ça fait mal

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On connaît la DS pour ses vertus de “console à RPG”, ses cartes pirates qui ruinent l’industrie ou son diling-diling d’ouverture, identifiable entre tous. On la connaît moins pour son répertoire horrifique, déjà abordé sur Console Syndrome. Aujourd’hui, c’est Halloween, les bonbons ou la vie, l’occasion offerte de revenir sur un méconnu et lugubre jeu sorti en 2008 (autant dire un vieux en âge vidéoludique), uniquement au Japon et aux USA. Bref, un jeu rapatrié du fin fond de la niche.

Theresia est le fruit du développeur Workjam (détenteurs de la licence Tantei Jingūji Saburō aka Jake Hunter), qui après quelques expérimentations sur téléphones portables a décidé de gratifier la DS de sa pouliche. Reprenant un système à la Shadowgate / Déjà Vu, la structure s’avoue sans étonnement old-school. La forme quant à elle ne laisse aucun doute : ce jeu sera glauque jusqu’au bout de ses ongles jaunis ou ne sera pas.

Allô Maman Bobo

Premier écran fixe : une jeune fille se réveille amnésique (tiens donc) dans une salle sombre et glaçante. En vue à la première personne, ses pensées défilent sous forme de texte. Puis vient le moment fatidique, celui d’utiliser son stylet pour tapoter frénétiquement à la recherche d’indices cachés dans le décor. Sauf que je vous arrête tout de suite. Dans Theresia, cela ne se passe en vérité pas comme cela… du tout. Dès un innocent mouvement dans la pièce, l’évidence se jette à la gorge de notre héroïne : cet endroit étrange, étouffant et mystérieux, est bourré de pièges ! Remue un meuble, un couteau strie ta main. Déplace un livre, une flèche frôle ta tempe. Pour s’en sortir, il va falloir tâtonner, fouiller, soulever tout en sachant que les punitions corporelles guettent dans l’ombre, prêtes à diminuer notre barre de vie. Oubliez votre technique de raser les murs en martelant le bouton action pour choper le maximum d’objets comme dans un vieux Resident Evil. Un singulier rapport entre le jeu sadique et le joueur masochiste s’instaure et s’amplifie. Le paradoxe s’avère d’autant plus frappant qu’il se situe sur une console dédiée au tout tactile ! Et sans trop en révéler à propos du scénario (au demeurant très travaillé), cet équilibre pernicieux se trouve être le cœur de la relation qui unit notre demoiselle et le personnage qui hante sa mémoire, jaillissant lors des nombreux flash-backs. Un point’n click où quand on clique, ça fait mal. Dans un grand élan de mansuétude, Workjam a malgré tout gardé une oasis user-friendly pour nous aider à survivre : il est possible de sauvegarder à tout moment et en observant attentivement les pixels via l’icône associée, les traquenards sont repérables. Ouf.

Horreur en déambulateur

Mis à part se ramasser un poignard en pleine tronche, le premier seuil franchi offre également un second choc. Les beaux graphismes 2D soignés disparaissent pour laisser place à de longs couloirs 3D brouillons. Pour rejoindre salons, bureaux, laboratoires ou cuisines, il faudra supporter des corridors dignes de la Playstation (non, je ne parle ni de la deux, ni de la trois). Comme une surprise n’arrive jamais seule, les déplacements se font dans la lenteur la plus totale, d’un pas hésitant. Pourtant, cette lourdeur s’inscrit en définitive dans l’ambiance générale. Theresia nous ramène à nos souvenirs d’antan, à ces jeux d’exploration sur micro-ordinateurs dans lesquels on prenait notre temps. Loin de l’agitation contemporaine, il s’agit ici de voir ressurgir l’envie de bien faire, d’attendre la nuit pour allumer la console, de brancher ses écouteurs et de se laisser enivrer par toute cette rouille, ces gaz toxiques et cette multitude de cadavres. De patiemment subir les allers-retours tout en y prenant du plaisir. D’aimer ne pas comprendre ce que l’on a loupé pour rester coincé, comme ça, à tourner en rond. Sado et Maso, le retour.

Red is Dead

Si Theresia ne devait se résumer qu’à un sentiment, c’est à n’en pas douter la solitude qui gagnerait la mise. Ne comptez pas croiser âme qui vive, seuls vous attendent des corps calcinés, décomposés et/ou brutalisés. Une atmosphère pesante règne en maître, sans aucune concession. Les passages en extérieur sont rares et votre but sera d’enfin trouver la sortie de ce labyrinthique bâtiment. En chemin, l’histoire de notre protagoniste se dévoilera dans la douleur, la laissant parfois abattue, blessée et surtout, encore et toujours, seule. Sans vraiment user de gore, en restant plus angoissant qu’effrayant, il faudra s’armer d’endurance pour supporter la pression du confinement. Entre la guerre, le sang et les infections contagieuses, il n’y a pas de répit. “Chère Emile” est le sous-titre de Theresia et constitue la partie principale de l’affaire. Une fois l’aventure terminée, un chapitre supplémentaire -plus court- “Chère Martel” en apprendra davantage aux plus courageux. Une grosse vingtaine d’heures de souffrance béate devrait suffire pour voir le bout de l’ensemble, récompensée par un visual novel bonus, reprenant les deux trames de manière chronologique cette fois-ci.

Vous l’aurez compris, Theresia est un petit jeu d’horreur qui mérite d’être connu. Sans révolutionner le genre et en conservant une moelle définitivement old-school, il s’adresse évidemment en priorité aux fans du genre, à la recherche d’ambiance malsaine.

En bonus d’Halloween, voici une petite sélection d’articles estampillés 100% horreur :

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Bonne lecture et surtout joyeux Halloween !


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