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L’impossible test cross-over : Risen 2 et Sniper Elite V2

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Le cross over, c’est in. Essayer de mixer des univers qui se ressemblent de près, comme Street Fighter X Tekken, ou de loin, comme les diners caritatifs pour les pauvres affamés à Cannes où sont servis œufs de lumps sur lit de foies de homards. Alors comme ici on en a marre d’être ringard avec nos articles sérieux pleins de mots et tout, on fuit vers l’essai dans une course effrénée pour rattraper, coiffer au poteau, et finalement enterrer les hipsters numériques qui nous narguent de leur Tumblr sur les asticots en gif. Voici venu l’article le plus improbable de l’ère Console Syndrome, le test cross over de l’impossible, une comparaison critique de Risen 2 et de Sniper Elite V2, deux jeux qui n’ont rien en commun. L’un est bien, l’autre bien, mais pas top, mais rien ne nous arrête, même pas peur, on fait ça sans filet.

Enfin, rien en commun, ça se discute. Risen 2, comme Sniper Elite V2, ce sont tout de même des jeux à la troisième personne où l’on incarne un humain mâle. L’un déambule dans une Allemagne ravagée en kaki, l’autre dompte les flots avec un tricorne. Ils n’ont pas tous les deux l’avantage du dépaysement, je l’avoue. Car la piraterie c’est un univers qui se raréfie, et c’est agréable de le voir aussi bien retranscrit dans Risen 2. Les couleurs sont chatoyantes, les décors crédibles, la direction artistique envoie du pâté et c’est un régal que de boire du rhum sous ces latitudes. Ce pauvre sniper à côté à maille à partir avec une vérité déprimante : la guerre n’est pas propice aux effusions colorées. Le jeu est terne, l’ambiance « ville bombardée pleine de gravats » est redondante depuis les premiers Medal of Honor. Mais au moins c’est propre, net, sans bavure, la technique est irréprochable. Et là Risen 2 la ramène moins, avec ces textures simulant à merveille la myopie, et ces apparitions végétales tardives, très tardives, au point que tu es dans un buisson tu ne le sais pas encore. On pourrait presque se perdre.

Mais ça n’arrivera pas. Dans Risen premier du nom, une grande ile s’offrait au joueur qui pouvait la parcourir librement. Ici, exit l’espace Shengen, on replace des frontières. Le jeu est découpé en plus petites zones, libres, qu’il vous faudra joindre par bateau. Et dans un RPG, ça nous frustre la pompe à exploration. Cela dit, ce n’est pas Sniper qui le contredira, les missions sont d’une linéarité à faire rêver une règle. Impossible de contourner fourbement, on doit s’acquitter de meurtres à la chaine avec le moins de tactiques possible. Les spots à snipe sont indiqués, le chemin est presque tracé par GPS, et ne vous laisse guère le choix que de bourriner. Et quand on pense qu’on est censé être un agent infiltré expert, ça vous frustre la pompe à… à… contournement ? Étrange. Nonobstant cet état de fait, le jeu vous fourni tout plein d’outils pour faire diversion, tuer silencieusement, etc. Encore plus frustrant, il est impossible de la jouer finot, des snipers planqués dans les décombres vous allument à 2 Km si vous rampez derrière un muret. Vous l’abattez, et tous ses potes accourent pour vous composter le museau à la MP40.

Ce n’est pas dans Risen 2 que vous en trouverez, des soldats velléitaires à l’arme automatique. La diversité des monstres est d’ailleurs plaisante, même si les combats sont très complexes au début de l’aventure. Les montres vous déchirent en deux coups de patte, les pirates vous éviscèrent si vite que leur perroquet ne hurle « coco » qu’une fois. Mais peu à peu, on se fait au style particulier, et les joutes deviennent presque plaisantes. Enfin avant de devenir un grosbill qui massacre tout être vivant en deux coups de fleuret. Une progression absolument mal gérée, à des années-lumière de la finesse de Risen 1. Mais la possibilité d’user de « tours pendables », comme balancer du sable ou des noix de coco dans les muqueuses (faut bien viser), amuse tout au long des 40 heures nécessaires pour buter Mara. Dans Sniper, pas de Mara, ni de bouteilles de rhum/schnaps, mais on peut jeter des cailloux pour attirer l’attention. Après, on snipe. Ah, enfin, LA spécialité du titre, hurlent-ils du haut de leur colline. Oui, enfin vite fait. Pour un sniper habitué de Battlefield, la sensation est la même, la balle tombe avec la gravité. On compense vers le haut, et PAF pastèque. Parfois, la coquine prend ses aises et se laisse porter par la bise, déviant vers la droite ou la gauche. Le tutoriel nous annonce qu’on peut l’anticiper en matant la végétation qui ondule pour deviner le sens du vent. En vrai, on tire, on rate, on compense, on tue. Il est quasi impossible de deviner la direction et la force du vent sans indicateur métrique, alors on fait comme tous les savants, on teste.

Et quand on réussit, ahahahah, une kill cam !!! La balle pénètre au ralenti dans le corps de la victime, et on voit distinctement quels organes explosent à l’impact. C’est drôle, au début, puis après c’est lourd, comme mes digressions (c’est ma mère qui me l’a dit, après m’avoir déshérité pour surpoids littereux). On s’en passerait bien vers la fin. Ce qui n’est pas le cas des dialogues de Risen 2, foutrement comiques et qui constituent ce petit plus nécessaire. Les répliques des différents protagonistes sont cinglantes, cyniques, et bien trouvées. Les pirates n’ont pas leur langue dans leur poche et on les aime pour ça. Ils ont tous un caractère propre, et on n’a aucune envie de zapper des dialogues, pour ne pas rater la petite feinte de plus. Les quêtes s’en suivent donc avec fluidité, il n’y a jamais de baisse de rythme, on poursuit ses pérégrinations tranquillou. Et il y a du vaudou, et ça, c’est aussi rare que des singes voleurs dans un jeu. Le soft par contre ne permet pas d’avoir des choix influents sur le reste de l’histoire, c’est du RPG dirigiste, mais bien écrit. On laisse son libre arbitre au vestiaire pour embarquer dans l’aventure sans sourciller. Comme dans Sniper remarque, sauf qu’on sourcille souvent, comme quand le script nous fait subir des vagues d’assaut à terre, avec notre pauvre sniper comme seule défense. Quand ils courent en groupe à 2 mètres de toi, tu utilises un sniper toi ? Oooh incohérence.

Si on n’a que très peu parlé de Sniper Elite V2, c’est car il n’en vaut pas la peine. Il se tire une balle dans le pied tout seul en sabotant son propre gameplay. Y’avait du potentiel, gâché sur l’autel de l’accessibilité aux masses CODifiantes. C’est le Benoît Schneckenburger du jeu vidéo, un gameplay théoriquement fin lancé dans une arène de musclés. Ça marche, mais en claudiquant. Risen 2 non plus n’a pas crevé l’écran critique. Lui, il est chouette de bout en bout, mais passe après Skyrim et la résurrection de Witcher 2 sur console. S’il était une planète, il serait Saturne, on ne tomberait enfin sur lui qu’après avoir fait le tour de Mars et Jupiter. Et là, le joueur blasé de RPG n’a pas envie de remettre le couvert directement. C’est dommage, c’est un bon jeu passé un peu trop dans l’ombre de plus gros que lui.


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